Marie Madeleine et les autres amis de Jésus
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Credopedia Marie Madeleine et les autres amis de Jésus

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Marie Madeleine et les autres amis de Jésus

Parmi les figures féminines les plus proches de Jésus, Marie-Madeleine se distingue d’une manière particulière. C’est pour cette raison qu’elle a été nommée « Apôtre des Apôtres » dès le Moyen-Age.

mins lues | Bernhard Meuser

C’est quoi ?

L'un des comportements incroyables de Jésus était sa proximité particulière avec les femmes et son appréciation de leur amour. Jésus leur parlait en les regardant droit dans les yeux. Il protégeait les femmes, les guérissait et leurs prêtait attention. Elles voyageaient avec lui à travers le pays. Elles étaient probablement les « financiers » du mouvement Jésus. Elles aimaient Jésus tendrement et lui de même. Elles étaient les premières au tombeau ainsi que les premières à proclamer sa Résurrection. Parmi les figures féminines les plus proches de Jésus, Marie-Madeleine se distingue d’une manière particulière. C’est pour cette raison qu’elle a été nommée « Apôtre des Apôtres » dès le Moyen-Age. Depuis longtemps, on a considéré dans l’Eglise que la Marie-Madeleine de laquelle Jésus a chassé sept démons était la même personne que la pécheresse aux cheveux longs (la prostituée) dans Luc 7, 36-50 qui a oint les pieds de Jésus - mais cela n’est pas le cas. Cette incertitude a poussé les romanciers à donner libre cours à leur imagination – lorsque par exemple Dan Brown a construit un mariage entre Jésus et Marie-Madeleine ou bien lorsque d’autres auteurs ont voulu imaginer une relation sexuelle. Notons qu’elle est fêtée chaque année le 22 juillet. Nous pouvons supposer que Sainte Marie-Madeleine était une femme forte et aimante. La scène touchante le matin de Pâques étaye cette thèse, lorsque dans son état de confusion elle prit Jésus ressuscité pour un jardinier jusqu’au moment où elle le reconnut. Ainsi, les moments sensuels qu'aucun artiste ayant peint "Marie-Madeleine" n'a manqués étaient plus susceptibles de provenir d'une autre figure du Nouveau Testament. Cela explique pourquoi cette Sainte est vénérée comme étant la sainte-patronne des pécheurs repentis, des coiffeurs et des peigneurs, des jardiniers, des parfumeurs et des poudriers, des vignerons, des marchands de vin et des séduits. Le fait qu’elle est la sainte-patronne des écoliers n'a, espérons-le, rien à voir avec des motifs érotiques.

 

Que dit la Bible ?

Dans l’Evangile de Luc, Jésus apparait comme un rabbin itinérant. Les « Douze » étaient en sa compagnie « ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais. » (Luc 8,2) parmi elles « Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne » mais également « beaucoup d’autres. » (Luc 8,3) Tout d’abord il y a « Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons. » (Luc 8,2) Elle est la première femme que Jésus avait guéri. Il est dit à propos du groupe de femmes qu’elles : « les servaient en prenant sur leurs ressources » (Luc 8,3) ; en langage moderne, elles sponsorisaient le mouvement Jésus. Une fois de plus, la présence de Marie-Madeleine est soulignée dans (Marc 15,40) lorsqu’on la voit sous la Croix où deux autres femmes appartenant au cercle Galiléen sont mentionnées : « Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé. » (Marc 15,40) Alors que la plupart des disciples hommes brillaient par leur absence, Marie- Madeleine et Marie mère de José étaient présentes, même à l'heure amère de la sépulture de Jésus. (Marc 15,47) Le fait est que Marie-Madeleine et Salomé ont payé de leurs propres coffres afin d’acheter les huiles et les parfums si précieux et couteux « pour aller embaumer le corps de Jésus » (Marc 16,1) le matin de Pâques - occasion durant laquelle elles avaient trouvés le tombeau vide. Sans l’ombre d’un doute, Marie-Madeleine si fidèle et aimante avait eu le privilège d’être la première à rencontrer le Seigneur ressuscité en personne : « Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître » (Jean 20,16)

La petite catéchèse de YOUCAT

Jésus et les Superwomen

Le concept de féminisme a récemment été abordé dans l’Eglise Catholique, surtout dans les pays occidentaux évidemment. La question se pose : y-aura-t-il des femmes prêtres dans les dix ans à venir ? Des femmes évêques dans cinquante ans ? Ou bien une femme pape dans cent ans ?

Le féminisme est assez récent. Le mot n'est apparu en France qu'en 1882 - l'une des nombreuses conséquences de la Révolution française et de ses revendications fondamentales de "liberté", "égalité" et "fraternité". Les raisons de cette violente protestation contre les mauvaises relations de pouvoir étaient nombreuses. L'une d'elles est que les racines chrétiennes de la liberté, de l'égalité et de la "fraternité" (comme on le dit mieux aujourd'hui) ont été enterrées. Ce n'est qu'au début que les femmes ont bénéficié du renversement des conditions. Dans le célèbre tableau de Delacroix, une Marianne aux seins nus a pu prendre d'assaut la Bastille, et une "déesse de la raison" a été intronisée sur l'autel de Notre-Dame. Mais bientôt, la révolution redevient une affaire d'hommes. La liberté ? Les hommes suivaient leurs impulsions plus librement. Les femmes ont le droit d'avorter. L'égalité ? Désormais, les femmes sont également autorisées à travailler dans les mines. Même jusqu’à nos jours, elles se battent encore pour une véritable égalité. La fraternité ? Les femmes ne pourraient pas y faire grand-chose de toute façon. Nous sommes encore loin d'une véritable relation fraternelle entre les sexes.

La première grande libération des femmes

La première grande libération des femmes a eu lieu durant l’Antiquité. Ses opérateurs n'étaient pas les célèbres philosophes d'Athènes, mais un homme simple de Galilée qui a établi de nouvelles normes pour traiter les femmes sur un pied d'égalité. Les Grecs de l'Antiquité fonctionnaient encore dans le cadre d'une pratique dans laquelle les femmes appartenaient à la seconde classe et ils pensaient qu’elles étaient la propriété des hommes, même si elles avaient un certain statut en tant qu'épouse d'un citoyen libre. Il revenait au père de famille de prendre la décision de reconnaître l'enfant à qui il avait donné vie comme légitime et de lui consacrer une éducation, ou bien s’il voulait même l'abandonner. Outre l'épouse, qui disposait généralement de son propre espace séparé de celui du mari, d'autres femmes pouvaient vivre ou fréquenter la maison : concubines, compagnes de jeu lors des banquets (appelées hétaïres), prostituées, esclaves, qui étaient souvent recrutées parmi les enfants excédentaires ou abandonnés et élevées et commercialisées par les mères de bordels et les proxénètes.

Le modèle d'un homme + une femme + pour toujours + enfants est illustré dans le livre de la Genèse, où Dieu crée une égale à Adam : Eve. L’homme se réjouit : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Genèse 2,23) ; il fait quelque chose de fou : il quitte son père et sa mère et « il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » (Genèse 2,24) Cela semble déjà différent, bien qu'il faille voir que les modèles patriarcaux ont continué à dominer en Israël également. Les patriarches prenaient des concubines et la présence de grandes figures féminines étaient possibles, mais elles restaient l'exception à la règle. La sphère d'activité normale des femmes était le foyer. Ce n'est que dans le Nouveau Testament que les femmes entrent en grand nombre dans le cercle de vision de la figure prophétique de Jésus - et sont perçues comme des êtres humains - avec leurs soucis, leurs maladies, leurs obsessions, leurs fardeaux et leurs péchés. Jésus parle longuement, profondément et de manière libératrice avec la Samaritaine au puit (Jean 4). Il protège la femme adultère de la foule haineuse (Jean 7). Une pécheresse qui lui est inconnue oint tendrement ses pieds lors d'un banquet traditionnel pour hommes (Luc 7). Deux femmes - Marie et Marthe - se lient d'amitié avec lui (Jean 10). Ensuite, des femmes se joignent aussi au groupe itinérant de Jésus. Cela a dû être tout simplement choquant pour la classe moyenne israélienne. On ne fait pas ça en tant que femme.

Et elles ont rendues la pareille…

Les femmes ont rendu la faveur à Jésus – pas seulement avec de l’argent liquide, bien que cela ne doit pas être sous-estimé. En fin de compte, quelqu'un doit payer le logement et le couvert. Les femmes étaient simplement de meilleurs disciples à d'autres égards : plus intrépides face au danger, plus fidèles dans leur amour, plus instinctives dans leur foi. Leur figure majeure : Marie, la "porteuse de Dieu", et juste après elle : Marie-Madeleine. D'abord, elle a dû aider les hommes à se relever. Puis eux aussi ont compris que Jésus n'était pas un beau-parleur et que le Royaume de Dieu n'était pas un flop. Son Seigneur, qu'elle avait abandonné, était ressuscité. Jésus a dû guider la main du dernier homme obtus - un apôtre nommé Thomas - dans les stigmates pour que lui aussi finisse par comprendre.

Les femmes jouent également un rôle prépondérant dans l'Église primitive : il y a Phoebe (Rm 16,1), qui est tenue de très haute estime par Paul. Il y a également Marie, la mère de Marc (Ac 12,12), chez qui Pierre a résidé après s’être échappé de prison. Il y a ainsi Prisca, celle qui, avec son mari (« mes compagnons de travail en Jésus-Christ »), « qui ont risqué leur tête pour me sauver la vie. » (Rm 16, 3-4) L’ancienne Grande Prière romaine connaît le tribut de sang de "Felicité, Perpetue, Agathe, Lucie, Agnès, Cecile, Anastasia". Derrière chaque femme et chaque martyr, se cache une grande histoire : derrière l'esclave Felicité, derrière Perpétue, de qui nous avons un journal, derrière la fière Agathe, qui fut emmenée dans un bordel par le gouverneur romain Quintinianus, derrière la petite Agnès, qui mourut pour le Christ à douze ans. On peut comprendre Paul lorsqu'il voit toutes les différences sociales, ethniques et les différences entre hommes et femmes éliminées par le nouveau départ avec le Christ : « Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. » (Gal 3, 26-28)

Cependant les femmes ne sont pas autorisées à devenir prêtres !

Pour de nombreuses femmes, le fait que les femmes de l'Église catholique soient autorisées à tout faire - s'occuper des enfants, nettoyer les églises, confectionner des vêtements - mais qu'elles ne soient pas autorisées à devenir prêtres semble être une plaisanterie théologique. Le pape Jean-Paul II a mis toute son autorité en jeu et a réaffirmé une fois de plus la position traditionnelle de l'Église orthodoxe et de l'Église catholique : « C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église. » Beaucoup se sont étonnés de cette formulation tranchante d'un Pape que nous pouvons considérer, à juste titre, comme un ami des femmes - les témoignages de son estime et de sa sensibilité sont innombrables. Et maintenant, lui - un patriarche, méprisant les femmes et bélier de la domination masculine ? S'il n'y avait pas de raisons théologiques plus profondes pour attribuer la prêtrise aux hommes, il faudrait déclencher une petite révolution et provoquer des troubles dans l'église jusqu'à ce que cette tache soit éradiquée de la doctrine. Et c'est effectivement ce que font les théologiennes féministes radicales, qui ont déclaré une sorte de guerre des sexes au Vatican. Elles pensent pouvoir clarifier la question sur un plan sociologique - comme une question de pouvoir, et comme s'il s'agissait d'une question de représentation égale dans les conseils d'administration de Dax ou d'une sorte de réglementation des quotas à l'autel. En réalité, ce serait une approche socialiste. La justice ne signifie pas "la même chose pour tout le monde", mais "à chacun son métier". Dans les citations de YOUCAT, on trouve une déclaration remarquable de Sainte Mère Teresa : "Personne n'aurait pu être un meilleur prêtre qu'elle [Marie] ne l'était. Elle pouvait dire sans hésiter : 'Ceci est mon corps', parce qu'elle a vraiment donné son propre corps à Jésus. Et pourtant, Marie est restée la simple servante du Seigneur, de sorte que nous pouvons toujours nous tourner vers elle comme vers notre mère. Elle est l'une des nôtres et nous sommes toujours unis à elle. Après la mort de son Fils, elle a continué à vivre sur terre pour fortifier les apôtres dans leur ministère, afin d’être une mère pour eux jusqu'à ce que la jeune Église ait pris forme."

La Mariée et le Marié

Aussi étranges que puissent paraître les arguments théologiques aux yeux des gens du XXIe siècle, les raisons théologiques existent bel et bien, et elles sont lourdes de conséquences, parce qu'elles atteignent les profondeurs de la Révélation. Depuis Adam et Eve, la polarité des sexes joue un rôle dans la Révélation. Le Christ est le "nouvel Adam" (Rm 5, 12-21), Marie la "nouvelle Ève", car "elle dit son oui avec son corps et son âme et se rend entièrement disponible au projet divin. Elle est la nouvelle Eve, la véritable "mère de tous les vivants", c'est-à-dire de ceux qui reçoivent la vie éternelle par la foi dans le Christ". (Pape Benoît XVI). L'Église est l'"Épouse du Christ" (Ep 5, Ap 19), également dans son geste d'accueil. Le Christ lui-même est "l'Époux" (Mc 2,20 et dans de nombreux autres passages). La vocation spécifique du prêtre est de symboliser et de représenter le Christ comme Tête du Corps (Ep 4,15) et précisément comme Epoux (Mc 2,19) - surtout dans l'Eucharistie. Ce n'est que dans cette perspective que l'on peut comprendre l'attribution théologique de ce ministère aux hommes. Ce n'est qu'à l'horizon du genre qu'une femme est considérée comme un époux qui peut concevoir pour l'Église-Épouse.

YOUCAT 257 Dans YOUCAT 257 il est dit que : « A travers les prêtres masculins, la communauté chrétienne était censée voir une représentation de Jésus-Christ. La fonction de prêtre est un service particulier qui exige aussi de l'homme qu'il assume son rôle spécifique d'homme et de père. Il ne s'agit cependant pas d'une forme de supériorité masculine sur les femmes. Comme nous le voyons en Marie, les femmes jouent dans l'Église un rôle qui n'est pas moins central que le rôle masculin, mais qui est féminin. Eve est devenue la mère de tous les vivants (Gn 3,20). En tant que "mères de tous les vivants", les femmes ont des dons et des capacités particulières. Sans leur type d'enseignement, de prédication, de charité, de spiritualité et d'orientation, l'Église serait "à moitié paralysée ". »

En même temps, c'est vrai : le cléricalisme existe dans l'Eglise et c'est "une véritable perversion de l'Eglise" (Pape François). Malheureusement, nous trouvons encore des clercs qui n'ont pas compris que le prêtre est celui qui lave les pieds des gens à l'exemple de Jésus. Le "prêtre" ne fonctionne que comme un humble service. Il n'y a pas de système à deux niveaux dans l'Église. L'ordination n'est pas une entrée dans la classe supérieure, et certainement pas une manette de jeu pour une règle arbitraire. C’est pourquoi YOUCAT 257 ajoute également que : « Lorsque les hommes de l'Église utilisent le ministère sacerdotal comme un instrument de pouvoir ou ne permettent pas aux femmes de s'exprimer avec les charismes qui leur sont propres, ils violent l'amour et le saint esprit de Jésus. » Les femmes ont encore leur avenir devant elles dans l’Eglise - non pas dans le rôle de "prêtre", mais partout ailleurs. ∎ YOUCAT 257 also says: “Wherever men in the Church use the priestly ministry as an instrument of power or do not allow women to have a role with the charisms proper to them, they offend the love and Holy Spirit of Jesus.” Women still have their future ahead of them in the Church – not in the role of “priest”, but everywhere else.